Les moustiques, ces petits insectes volants au bourdonnement agaçant, semblent avoir leurs préférences quand il s’agit de choisir leurs victimes. Alors que certaines personnes finissent l’été couvertes de piqûres, d’autres s’en sortent miraculeusement indemnes. Pourquoi une telle différence ? Existe-t-il vraiment des « peaux à moustiques » ? Cet article fait le point sur les dernières découvertes scientifiques pour comprendre ce qui attire réellement les moustiques et comment s’en protéger efficacement.
Les facteurs qui attirent les moustiques
Contrairement aux idées reçues, ce n’est pas tant la peau elle-même qui attire les moustiques, mais plutôt un ensemble de facteurs physiologiques et comportementaux. Voici les principaux éléments qui font de vous une cible de choix pour ces insectes piqueurs :
Le dioxyde de carbone (CO2)
Le CO2 que nous expirons est le principal signal utilisé par les moustiques pour nous repérer, et ce jusqu’à une distance de 10 mètres ! Plus une personne rejette de CO2, plus elle risque d’attirer l’attention des moustiques. C’est pourquoi les personnes suivantes sont particulièrement visées :
- Les femmes enceintes, qui produisent environ 20% de CO2 en plus
- Les personnes en surpoids, dont la surface corporelle plus importante génère davantage de CO2
- Les sportifs pendant et après l’effort
- Les personnes actives qui bougent beaucoup
La chaleur corporelle
Les moustiques sont attirés par la chaleur, en particulier celle avoisinant les 37°C. Certaines situations augmentent notre température et nous rendent plus repérables :
- Après une activité physique
- En cas de fièvre ou d’infection
- Lors d’une grossesse
- Après avoir consommé de l’alcool, qui dilate les vaisseaux sanguins
Les odeurs corporelles
Notre odeur corporelle joue un rôle majeur dans l’attraction des moustiques. Plusieurs composés chimiques émis par notre peau les attirent particulièrement :
- L’acide lactique présent dans la sueur
- L’acide urique
- L’ammoniac
- Certains acides gras sécrétés par les glandes sébacées
La composition de ces odeurs varie d’une personne à l’autre, ce qui explique en partie pourquoi certains individus semblent plus attractifs que d’autres.
Le groupe sanguin
Des études scientifiques ont mis en évidence une préférence de certaines espèces de moustiques pour des groupes sanguins spécifiques :
Groupe sanguin | Attractivité pour les moustiques |
---|---|
O | Très attractive |
A | Attractive |
B | Peu attractive |
Une étude japonaise réalisée en 2004 a notamment montré que le moustique tigre était attiré à 85% par les personnes du groupe O, contre moins de 45% pour les autres groupes.
Les facteurs génétiques
Des recherches récentes suggèrent que notre attractivité pour les moustiques serait en partie déterminée par nos gènes. Une étude publiée en 2015 dans la revue PLOS ONE a comparé l’attractivité de vrais et faux jumeaux pour les moustiques :
- Les vrais jumeaux (génétiquement identiques) attiraient un nombre similaire de moustiques
- Les faux jumeaux présentaient des différences plus marquées
Ces résultats indiquent que nos gènes influencent la composition de nos odeurs corporelles et donc notre attractivité pour les moustiques.
Le microbiote cutané
La communauté de bactéries présente sur notre peau, appelée microbiote cutané, joue un rôle crucial dans la production de nos odeurs corporelles. Or, chaque individu possède un microbiote unique, ce qui explique en partie les différences d’attractivité entre les personnes.
Une étude publiée en 2011 dans PLOS ONE a mis en évidence que :
- Les personnes ayant une grande diversité de bactéries sur leur peau étaient moins attractives pour les moustiques
- Celles présentant une faible diversité bactérienne mais en grande quantité attiraient davantage les moustiques
Les idées reçues sur l’attractivité aux moustiques
De nombreuses croyances populaires circulent sur ce qui attire ou repousse les moustiques. Voici un point sur les principales idées reçues :
Le mythe de la « peau sucrée »
Contrairement à une croyance répandue, les moustiques ne sont pas attirés par le sucre dans notre sang ou notre peau. Leur appareil sensoriel ne leur permet pas de détecter la glycémie à travers la peau. Ce mythe provient probablement de la confusion avec leur attirance pour les odeurs sucrées des fleurs, dont ils se nourrissent également.
L’alimentation
L’idée que certains aliments nous rendraient plus attractifs pour les moustiques n’est pas scientifiquement prouvée, à l’exception de l’alcool. Ni l’ail, ni la vitamine B1, ni aucun autre aliment n’a démontré d’effet répulsif ou attractif significatif sur les moustiques.
La couleur des vêtements
Si les moustiques sont effectivement plus attirés par les couleurs sombres, ce facteur joue un rôle mineur comparé aux odeurs corporelles. Il intervient principalement lorsque le moustique est déjà proche de sa cible (moins de 1,5 mètre).
La lumière
Contrairement à une idée répandue, la plupart des espèces de moustiques ne sont pas attirées par la lumière. Seules quelques espèces, comme certains Culex et Anopheles, le sont. Les moustiques tigres (Aedes albopictus), par exemple, y sont totalement insensibles.
Les différentes espèces de moustiques et leurs préférences
Il existe plus de 3500 espèces de moustiques dans le monde, dont 65 en France. Chaque espèce a ses propres préférences en termes d’habitat, de période d’activité et de proies. Voici un aperçu des principales espèces que l’on rencontre en France :
Espèce | Caractéristiques | Période d’activité | Risques sanitaires |
---|---|---|---|
Culex pipiens | Moustique commun, urbain | Nocturne | Faible (vecteur potentiel du virus du Nil occidental) |
Aedes albopictus (moustique tigre) | Rayé noir et blanc, agressif | Diurne (pic à l’aube et au crépuscule) | Élevé (vecteur de la dengue, du chikungunya et du Zika) |
Anopheles | Présent dans le sud et en Corse | Nocturne | Moyen (vecteur potentiel du paludisme) |
Le cas particulier du moustique tigre
Le moustique tigre (Aedes albopictus) mérite une attention particulière en raison de sa propagation rapide en France et des risques sanitaires qu’il représente. Originaire d’Asie du Sud-Est, il s’est implanté en France métropolitaine depuis 2004 et est désormais présent dans plus de 60 départements.
Caractéristiques du moustique tigre :
- Apparence : Petite taille (5-10 mm), rayures noires et blanches distinctives
- Comportement : Très agressif, capable de piquer à travers les vêtements
- Habitat : Zones urbaines, se reproduit dans de petites quantités d’eau stagnante
- Période d’activité : Principalement diurne, avec des pics d’agressivité à l’aube et au crépuscule
- Risques sanitaires : Vecteur potentiel de maladies tropicales (dengue, chikungunya, Zika)
Les mécanismes de la piqûre de moustique
Comprendre comment les moustiques nous piquent permet de mieux appréhender les réactions de notre corps et les moyens de s’en protéger.
Pourquoi les moustiques piquent-ils ?
Il est important de noter que seules les femelles moustiques piquent. Elles ont besoin de protéines contenues dans le sang pour développer leurs œufs. Les mâles, quant à eux, se nourrissent exclusivement de nectar et de jus de fruits.
Le processus de la piqûre
La piqûre de moustique se déroule en plusieurs étapes :
- Repérage : Le moustique détecte sa proie grâce au CO2 et aux odeurs corporelles
- Atterrissage : Il se pose sur la peau et cherche un endroit propice pour piquer
- Perforation : La femelle enfonce son proboscis (trompe) dans la peau
- Injection de salive : Elle injecte une petite quantité de salive contenant des anticoagulants
- Prélèvement de sang : Elle aspire une goutte de sang (environ 0,001 à 0,01 ml)
- Retrait : Elle retire son proboscis et s’envole
La réaction du corps humain
La réaction à une piqûre de moustique varie d’une personne à l’autre :
- Le bouton et les démangeaisons sont causés par la réaction immunitaire à la salive du moustique
- Certaines personnes développent une tolérance au fil du temps et réagissent moins aux piqûres
- D’autres peuvent au contraire développer une hypersensibilité et réagir de plus en plus fortement
Il est important de ne pas gratter les piqûres pour éviter les infections et limiter les démangeaisons.
Les risques sanitaires liés aux piqûres de moustiques
Si la plupart des piqûres de moustiques ne sont qu’une nuisance passagère, certaines peuvent transmettre des maladies graves. Les principaux risques en France métropolitaine sont :
Maladies potentiellement transmises par le moustique tigre
- La dengue : fièvre, douleurs musculaires et articulaires intenses
- Le chikungunya : fièvre élevée, douleurs articulaires persistantes
- Le Zika : souvent asymptomatique, risque pour les femmes enceintes (malformations fœtales)
Il est important de noter que ces maladies ne sont pas endémiques en France métropolitaine. Leur transmission nécessite qu’un moustique tigre pique une personne infectée revenant d’une zone à risque, puis pique une autre personne.
Autres risques sanitaires
- Le virus du Nil occidental : transmis par certains Culex, rare en France
- Le paludisme : transmis par les Anophèles, éradiqué en France métropolitaine mais présent en Guyane
Les idées reçues sur les risques sanitaires
Contrairement à une croyance répandue, les moustiques ne peuvent pas transmettre le VIH (virus du sida). Leur système digestif détruit le virus et la quantité de sang prélevée est trop faible pour permettre une transmission.